Ruinée Par La Rhapsodie - Kindle

Chapitre 1
Noah

Depuis l’ombre de l’autre côté de la rue, j’observe Evelyn entrer dans le parking de son immeuble. Le moteur de ma moto crépite en refroidissant à côté de moi, l’air nocturne est chargé de l’odeur d’une pluie imminente. C’est ma routine.

La suivre jusque chez elle, m’assurer qu’elle rentre en toute sécurité, puis partir. Simple. Nécessaire.

Son immeuble se dresse comme une forteresse étincelante sur la skyline de Manhattan, tout de verre et d’acier, avec une sécurité décente mais pas impénétrable. Mes pieds me portent automatiquement à mon point d’observation habituel.

Le hall d’entrée apparaît à travers les grandes baies vitrées qui donnent sur la rue. Un frisson glacial me parcourt l’échine.

George n’est pas à son poste.

George, le portier de nuit, celui qui est assis au bureau de la sécurité de 20h à 4h tous les soirs sauf le dimanche, celui qui s’éclipse pour des pauses cigarette à 23h30 et 2h15… il a disparu.

Ma main se porte instinctivement sur l’arme rengainée dans mon dos alors que je me fonds davantage dans l’ombre.

Quelque chose ne va pas.

Evelyn va monter de l’ascenseur du garage d’une minute à l’autre, et passer juste devant cet inconnu sans se douter que quelque chose cloche.

Je sors mon téléphone, vérifiant les flux des caméras que j’ai placées dans le couloir devant son appartement. Rien d’inhabituel pour l’instant.

J’aperçois Evelyn à travers les fenêtres du hall. Elle sort de l’ascenseur, son étui à violon dans une main, son téléphone dans l’autre, complètement inconsciente.

Rien à foutre d’attendre.

Rien à foutre de surveiller.

Je suis à mi-chemin de la rue quand son cri déchire la nuit. Mon sang se glace.

À travers la vitre, je vois George étalé derrière le bureau de la sécurité, une mare de sang qui s’étend sous lui. Evelyn est figée sur place, le regard fixé sur son corps, son téléphone et son étui tombés à ses pieds.

Trois hommes surgissent des différents coins du hall. Ils se déplacent avec précision, bloquant les sorties, l’encerclant. Tenues tactiques noires, visages partiellement couverts.

Mon entraînement prend le dessus, évaluant les menaces automatiquement. Deux sont armés — les renflements à leur ceinture sont visibles même d’ici. Le troisième, le plus grand du groupe, porte quelque chose à la main. Seringue ? Taser ? Quoi qu’il en soit, ils prévoient de l’enlever, pas de la tuer ici.

Je sprinte sur la distance restante, pistolet au poing. À travers ma rage, les calculs se font automatiquement — angles, positions, épaisseur du verre. Trois cibles. Evelyn au milieu. Je ne peux pas risquer un tir croisé.

Le premier homme lui saisit le bras. Elle se débat, lui assénant un solide coup de pied dans le tibia.

Bien joué, ma belle.

Je me rue à travers les portes du hall, le pistolet au poing.

— Le patron la veut indemne, aboie l’un d’eux alors qu’ils se débattent avec Evelyn. Contente-toi de la choper, putain !

— Ne me touchez pas ! La voix d’Evelyn résonne, féroce et intacte malgré la terreur dans ses yeux. Elle se défend, tout feu tout flamme bien qu’en infériorité numérique.

Je me déplace silencieusement derrière eux. Le premier type ne m’entend même pas arriver. Je frappe la crosse de mon pistolet contre sa tempe, et il tombe comme une masse.

Le deuxième se retourne, cherchant son arme, mais je suis plus rapide. Mon poing percute sa gorge, lui écrasant la trachée. Il émet un gargouillis humide en tombant à genoux.

— Mais putain, c’est qui ce… Le troisième homme pivote, ses yeux s’écarquillant en remarquant ma présence.

Il est malin, celui-là. Au lieu de m’affronter, il se jette sur Evelyn, l’attrapant par les cheveux et la tirant devant lui comme un bouclier. Son pistolet a disparu — il a dû le laisser tomber dans la mêlée — mais il presse quelque chose contre son cou. Un couteau.

— Recule ou je la saigne, grogne-t-il.

Les yeux d’Evelyn croisent les miens, la reconnaissance traversant son visage. L’homme que j’avais mis à terre en premier s’agite, cherchant l’étui à sa cheville. Sans le regarder, je lui loge une balle dans la tête.

— J’ai dit de reculer ! hurle l’homme avec Evelyn, en pressant la lame plus fort contre sa peau.

Evelyn n’attend pas que je la sauve. Elle écrase son talon sur son cou-de-pied et lui enfonce son coude dans le plexus solaire. Ce mouvement crée juste assez d’espace entre eux pour qu’elle puisse se dégager, mais alors qu’elle se tourne, sa main s’abat, la frappant au visage d’un violent revers.

Le son de sa main heurtant sa joue résonne dans le hall. Sa tête bascule en arrière, et elle s’effondre sur le sol, inconsciente.

Je vois rouge.

Je ne me souviens pas avoir franchi la distance qui nous sépare. L’instant d’après, mes mains sont autour de sa gorge. Je le plaque contre le mur de marbre si fort que j’entends quelque chose craquer. Son crâne ou la pierre, je m’en fiche.

— Qui t’a envoyé ? je grogne, en appuyant mon avant-bras sur sa trachée.

Il essaie de me cracher au visage, mais j’augmente la pression, lui coupant l’air.

— V-Volkov, s’étouffe-t-il. Ivan Volkov.

Le Russe. Ce putain de Russe prétentieux qui se croit supérieur à tout le monde parce qu’il cite Dostoïevski en ordonnant des meurtres.

— Pourquoi ?

— Un contrat… elle a un contrat…

Je connaissais l’existence du contrat d’Evelyn avec la Bratva. Un putain de marché stupide que son père avait conclu, la plaçant dans l’orbite de Volkov.

Mais pourquoi l’enlever comme ça ?

— Dis à ton patron… Je commence, puis je m’arrête. Les morts ne délivrent pas de messages.

Je presse mon pistolet sous son menton. — En fait, tu ne diras rien du tout à cette ordure.

Le coup de feu est étouffé contre sa chair. Le sang gicle sur le marbre blanc derrière lui tandis que son corps glisse le long du mur.

Je me tourne vers le dernier homme, celui qui s’étouffe avec son propre sang à cause de mon coup à la gorge. Il est encore en vie, luttant pour respirer. Un tir de plus, et le silence s’installe dans le hall, seulement troublé par le goutte-à-goutte doux du sang sur le marbre.

Je rengaine mon pistolet et me dirige vers Evelyn, m’agenouillant à côté d’elle. Une ecchymose se forme déjà sur sa pommette, là où ce salaud l’a frappée. Je vérifie son pouls. Fort et régulier.

Elle s’en sortira physiquement, mais ils l’auraient emmenée à Volkov si je n’avais pas été là.

Mais j’étais là.

Et maintenant, elle vient avec moi.

Que la putain de guerre commence.

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1. Ruinée Par La Vengeance
2. Ruinée Par Le Sang
3. Ruinée Par La Rhapsodie
4. Ruinée Par La Capture
5. Ruinée Par La Protection
6. Ruinée Par La Ravissement

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